L'habitat urbain Japonais - Entre tradition & Modernité
Bachelor's degree 2014-2015 | ENSA Nancy, FR
Comment l'architecture moderne japonaise réinterprète-t-elle les traditions spatiales de l'habitat japonais ?
Tutor : Hervé Gaff
SUMMARY:
I. Philosophie et mode de vie au Japon
1. Le Japon, une géographie particulière
2. Tradition d'un art de vivre
3. La cité en tant que microcosme
II. Poésie de l'espace au sein de la maison
1. Azuma / Row house, Tadao Ando
2. Garden house, Ryue Nishizawa
3. Curtain wall house, Shigeru Ban
4. Plastic house, Kengo Kuma
5. Engawa house, Tezuka Architects
III. Avis et pensée d'architectes
1. Interview Tatuya Nishino
2. Interviez Anne Scheou
Conclusion
Annexes & Bibliographie
Glossaire
ABSTRACT:
Tradition, Modernité, dans le vocabulaire courant, ces deux termes s’opposent, sont antagonistes. Le premier désigne le legs des générations précédentes par des mythes, des coutumes et des règles. Cette notion s’approche ainsi du terme de classique qui vise le respect strict de ce que le temps a éprouvé. Le second quant à lui qualifie le fait que le sujet soit en rapport direct avec son époque et bénéficie de ses avancées technologiques et idéologiques. Il se rapproche alors du terme de contemporain.
L’Histoire est jalonnée de nombreux conflits entre deux camps dont l’un se disait classique et respectueux de la Tradition et dont l’autre revendiquait les nouvelles idées de la Modernité. Pour n’en citer que quelques-uns, Galilée et son combat opposé à l’Église catholique, les impressionnistes face à l’Académie des Beaux-Arts, les suffragettes contre le système politique. Sans oublier les batailles livrées par les architectes modernistes contre les idées de l’éclectisme architectural. Souvent donc, ceux qui se revendiquent modernes souhaitent opérer une rupture avec la Tradition, tenter une nouvelle approche de la vision du monde, tester de nouvelles techniques pour le représenter. C’est pourquoi il leur a fallu faire entendre de nouvelles voix, apporter de nouvelles conceptions en rapport avec le mode de vie de leur époque.
Nous remarquons d’ailleurs qu’aujourd’hui, l’Architecture comme bien d’autres domaines n’a plus systématiquement recours à des modèles archétypaux étudiés et mis en place par les générations antérieures. Se perdent alors les images primordiales faisant référence à la mythologie et à des évènements que la Doxa possède, appréhende et comprend. Celles-là même qui permettaient d’assurer l’absolue de l’œuvre créée. Cette perte des motifs communs à pour conséquence de rendre l’Architecture relative à l’appréciation et à la sensibilité de chacun. Ceci n’est en aucun cas un mal, mais seulement un bouleversement de repères et de facteurs. D’une part les conditions socio-économiques et programmatiques changent la donne avec des apports de règles qui prennent en compte des données économiques et légales. D’autre part, la pratique sans méthode définie, c’est-à-dire la perte des dogmes de composition qui étaient autrefois enseignés aux étudiants des Beaux-Arts, apporte de nouvelles réponses mais aussi des questions inédites. Aujourd’hui chaque architecte peut concevoir selon son expérience personnelle et son intuition. D’un côté cela leur offre une grande liberté dans leur création mais de l’autre cela peut également limiter la compréhension du projet et ainsi donc le rendre relatif.
À contrario, l’enseignement des Beaux-Arts apportait, nous l’avons constaté au XIXème siècle en Europe, certes l’unanimité dans l’appréciation des créations, mais également une uniformisation des formes et des techniques. De nos jours, nous sommes donc, en Occident, au beau milieu d’une aire d’expérimentation, de découverte et de diversification de la forme dans l’architecture et les arts en général. Nous nous éloignons ainsi de la Tradition pour concevoir une Modernité nouvelle. Cependant, nous constatons également une mondialisation de la forme et de la conception architecturale. Grâce aux instruments de communications et de documentations, nous pouvons voir, entendre et presque sentir les influences du monde entier en un laps de temps extrêmement court. L’inspiration est devenue mondialo-globale. Cela crée des formes que l’on peut retrouver n’importe où et dans presque tous les contextes. Cette situation se révèle alors assez similaire à ce qui se passait alors en Europe au XIXème siècle.
Pourrait on alors parler de "Tradition Moderne" ? Une Tradition où les archétypes sont devenue les productions des modernistes du début du XXème siècle.
Mais il existe des cultures ou cette opposition n’est pas forcément si radicale entre ces deux termes. Entre autres, la culture japonaise fait preuve d’une extrême flexibilité à ce sujet. Il est très intrigant de constater comment technologies ultra-modernes et traditions séculaires se côtoient et se mêlent. C’est à partir de ce constat que débute la réflexion de ce mémoire:
«Comment l’architecture moderne japonaise réinterprète-t-elle les traditions spatiales de l’habitat nippon?»
Cette problématique pose la question de la relecture, l’assimilation, l’intégration et la réappropriation de la Tradition par la Modernité au Japon. Nous pourrions presque parler de traduction de la Tradition en termes Modernes.
De plus en basant la problématique sur le lieu de l’habitat, je souhaite m’intéresser à la manière dont les architectes japonais conçoivent leurs espaces de vie quotidiens. Réussir à appréhender la manière dont ils créent une Modernité empreinte de Tradition. Ainsi j’espère pouvoir déterminer des mécanismes qui pourraient être transposés dans notre culture.
L’étude va suivre un déroulement en trois parties dont la première visera à introduire et à percevoir l’univers nippon grâce à l’étude de son territoire, de sa culture et de son vocabulaire spécifique. Dans la seconde partie, il s’agira de se pencher sur plusieurs habitations modernes et de les analyser pour en tirer les principes et les concepts fondateurs de leurs plans, leurs coupes et leurs matérialités. Enfin le corps de la dernière partie sera constitué par des entrevues avec notamment deux professeurs en architecture, l’un enseignant à l’Université de Kanazawa au Japon et l’autre à l’École Nationale Supérieur d’Architecture de Nancy que j’aurai questionné sur leurs rapports à la Tradition.